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 KUMA NDUMBE III Alexandre (Prince) ou KUM'A N'DUMBE III - Amilcar Cabral ou La tempête en Guinée Bissau. Pièce-document

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KUMA NDUMBE III Alexandre (Prince) ou KUM'A N'DUMBE III

Amilcar Cabral ou La tempête en Guinée Bissau. Pièce-document

Pierre-Jean Oswald - Paris - 1976
(Théâtre africain ; 31)
106 p. - 12 x 18 cm

Disponibilité éditeur: Epuisé chez l'éditeur.


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 Amilcar Cabral est une pièce sur la lutte du peuple de Guinée-Bissao contre le colonialisme portugais. Elle a été finie d'écrire le 2 juin 1973, juste après l'assassinat de Cabral, leader du Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée-Bissao et des îles du Cap-Vert (PAIGC), le 20 janvier 1973 à Conakry, par  des agents portugais. Le 24 septembre 1973, la Guinée-Bissao proclamait son indépendance. Elle sera suivie par celles des autres colonies lusitaniennes (Angola, Cap-Vert, Mozambique) à partir d'avril 1974, avec la "révolution des oeillets" et la fin de la dictature de Marcelo Caetano. Voir Maria Lusitania de Charlotte Delbo, P.J. Oswald, mai 1975.

 
Comme l'explique N'dumbe dans la postface à sa pièce - "La Guinée-Bissao : une victoire exemplaire", datée de janvier 1975 -  Amilcar Cabral est une pièce militante, documentée. Elle "retrace les débuts de la lutte, la création du parti, la mobilisation souvent très difficile des masses, la formulation d'une idéologie au fur et à mesure que la lutte avance. Le rôle de Cabral demeure primordial. Organisateur, stratège et idéologue, il puise l'essentiel de son génie à partir de l'expérience de son peuple, tout en restant ouvert aux expériences positives d'autres peuples en lutte. Son assassinat - celui d'un individu - n'arrêtera pas la marche de l'histoire et son peuple sortira victorieux."
 
Après son analyse de Kafra-Biatanga, paru dans Les Temps modernes (n°339, octobre 1974) voilà la suite de l’article de René Saurel sur le texte, alors dactylographié, d' Amilcar Cabral.
« En 1962, Amilcar Cabral écrivait : «À travers notre lutte de libération, nous contribuons efficacement à la chute du fascisme portugais.» Assassiné en 1973, le chef du P.A.I.G.C. n’aura malheureusement pas pu voir se vérifier son pronostic. Du moins est-ce une belle leçon d'histoire qu'il aura donnée au monde. Depuis...comme on sait... Tous les problèmes de la Guinée-Bissao et du Portugal ne sont pas résolus pour autant, mais une page, combien sanglante, est tournée. C'est en juin 1973 qu'Alexandre Kum’a N'dumbe III a terminé sa pièce. Six mois avant, Amilcar Cabral avait été assassiné et le général Spinola poursuivait la guerre tout en sachant que la solution ne pouvait être militaire. La pièce se trouve donc en partie dépassée par les événements ; mais il suffirait, pour la publier, de lui ajouter un bref épilogue. Bien qu'elle ait recours, comme la précédente au procédé du théâtre-document et à celui du «théâtre-dans-le-théâtre», elle semble offrir plus de ressources aux acteurs éventuels dans la mesure où elle comporte quelques personnages qui sont autre chose que des porte-voix de la thèse et de l’antithèse. Celui, en particulier, d'une mère noire qui croit aux dieux et pense encore qu'il faut respecter les Portugais et qui écoute sans le comprendre le communiqué d'Amilcar Cabral. On songe à la « mère courage » de Brecht, à Anna Fierling disant : «ils ont tué mon fils, c'est ça, pour moi, la journée historique». De ses deux enfants, l’un, docker gréviste, a été tué par les forces de l' «ordre» colonialiste, l'autre milite au sein de P.A.I.G.C. Amilcar Cabral est présent dans la pièce, on le voit qui discute avec ses camarades de la méthode à employer pour amener «l'home grande» - le vieux sage du village - à rejoindre le parti. Cabral explique que la révolution n'est pas un cours d'université, que ce qui est vrai pour l'URSS ne l'est pas forcément pour la Guinée ou pour la Chine, qu'il faut partir de la réalité concrète spécifique, et qu'inciter un «home grande» à prendre les armes sans que lui-même en soit venu à cette décision, c'est se faire un ennemi et conforter le pouvoir des Blancs. Pour convaincre, il faut aussi apprendre la langue des ethnies, parler balante, parler foula, tenir compte des religions, ne pas oublier, par exemple, que les chefs foulas, musulmans, ont toujours été les instruments dociles du colonialisme portugais... Ces chefs aliénés au pouvoir blanc, il faut tout faire pour les gagner à la cause et puis, si cela se révèle impossible, les abattre.
Si la révolution n'est pas un cours d'université, le théâtre n'est pas davantage une chaire et l'on imagine la difficulté d'animer, scéniquement, une telle pièce. Pourtant cette oeuvre mérite d’être jouée, en élaguant peut-être un peu les parties trop didactiques. On appréciera en tout cas la manière dont est traité le problème de la femme noire dans la lutte armée. À Cabral, l'auteur fait dire : «C’est tout notre peuple qui libère le pays, hommes et femmes. Nous devons extirper toute racine de discrimination de sexe. Une femme a autant de valeur qu'un homme. Nous ne condamnons pas nos ancêtres. Mais leurs structures sociales ne sont plus les nôtres.» La pièce, enfin, n'est jamais d'esprit manichéen : le goût du pouvoir, du profit, ne se trouve pas seulement du côté des Blancs et ce sont des Noirs traîtres à leur pays, espions infiltrés dans les rangs du P.A.I.G.C. qui assassinent Amilcar Cabral. Une jeune fille noire surgit alors, mitraillette dans une main, roses rouges dans l’autre.»