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A la veille de la Seconde Guerre mondiale, et face aux velléités conquérantes de la Libye mussolinienne, la défense de l'Empire français parait bien insignifiante. En dehors des forces présentes au Maghreb (Algérie et Tunisie), celles de l'AOF et de l'AEF ne sont en effet composées que de forces de souveraineté : de sécurité intérieure, pour ne pas dire de stricte " police ". Avec la nomination du général Bührer, en mars 1938, au poste de chef d'état-major général des colonies, la situation va profondément évoluer. Sous son impulsion, la défense des confins aux frontières de la Libye est envisagée dans sa globalité, sous un commandement unique et comportant le prépositionnement de forces importantes non loin des futurs zones d'action. Ainsi, on lui doit la création des bases d'opérations de Dirkou pour le Niger et de Largeau pour le Tchad, points d'appui disposant chacun d'un élément de manœuvre terrestre et aérien. La résistance des éléments de couverture devait permettre l'intervention, dans un second temps, de forces mobiles tenues en réserve au sud, chargées de livrer un coup d'arrêt à hauteur des bases avancées du Kaouar ou du Borkou et d'interdire tout débouché de forces de l'Axe en zone sahélienne. Si les événements qui se sont déroulés à partir de Largeau, au Borkou, sont connus de tous - cette base étant devenue l'atout majeur au Tchad pour Leclerc et ses hommes -, il en est tout autrement de la grande base de Dirkou, au Kaouar. Et pourtant, l'effort de guerre de l'AOF, de 1938 à 1940, en ce lieu perdu du sud-Sahara fut considérable, avec notamment la création d'un bataillon porté, première force mobile du genre au Sahara colonial. C'est cette histoire - totalement oubliée, sinon occultée du fait des événements de l'époque - qui est dévoilée ici. Devoir de mémoire envers les officiers, cadres, et anonymes de l'armée coloniale d'autant plus inédit, qu'avec le repli imposé par l'Armistice, la majorité des archives ont totalement disparu.
Au sud de la Libye, les confins du Niger n'avaient jamais eu d'importance même si la Turquie puis l'Italie en avaient contesté les limites. Aussi la présence française était-elle restée symbolique. A partir de 1938, face aux éventualités belliqueuses de l'Italie, cette région prenait une réelle importance stratégique. En moins de deux années avait été mis en place tout un dispositif défensif, renforcé d'un élément mobile, sous la forme d'un bataillon porté, le premier réalisé au Sahara colonial, ainsi que d'un support aérien. L'armistice survenu en juin 1940 sans que ce groupement ait eu à combattre, entraînait un profond désarroi ainsi qu'un désengagement total de ces forces.