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Smara. Carnet de route d'un fou du désertA partir de : 1,40 €
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SmaraA partir de : 1,76 €
Lorsque Jean Vieuchange, le frère dépositaire de ce testament griffonné sur des feuillets de fortune, fait lire à Paris cette prose incendiée, c'est l'émerveillement. Claudel reconnaît « un nouveau Rimbaud » et se propose pour une préface. Plusieurs spécialistes offrent leur amical service à Jean Vieuchange qui s'efforce de donner de l'oeuvre une édition aussi scrupuleuse que possible : ces bonnes fées ont nom Louis Massignon, Émile Benveniste, Théodore Monod.Comment avons-nous pu oublier ce livre singulier entre tous, dont Paul Bowles écrivait encore tout récemment, à l'occasion de sa réédition en anglais : « Smara : un pèlerinage monstrueux au royaume de Nulle Part ! Voilà plus d'un demi-siècle que j'ai lu ce livre, et j'ai encore exactement en mémoire les péripéties de cette partie d'échecs qui se joue sous nos yeux entre Vieuchange et son destin. »Le fait est qu'à suivre la ligne de cette pure aventure, réduite par force aux mots essentiels, on a l'étrange impression de découvrir une « langue inconnue » : celle de cet Ailleurs que seuls de rares poètes parviennent à faire résonner en nous. Et c'est cet idiome, à la fois étranger et secrètement familier, qui donne aux cent épisodes de cette histoire déraisonnable et fascinante leur relief et leur caractère proprement inoubliable : nuits passées au fond du désert, campements balayés par le vent, oasis inespérées, rencontres inquiétantes ou fraternelles autour d'un feu de broussailles, découverte émerveillée de cités enterrées par le Temps… mais aussi la soif ardente, les blessures lentes à se cicatriser, la menace des pillards et des mauvais compagnons de route prompts à vendre ou à égorger le voyageur sans défense… enfin, pour finir, l'épuisement, la maladie et la mort.Jamais en notre langue le désert n'avait été décrit, évoqué, célébré avec cette âpreté, cette violence — et cette poésie.
En compagnie de son frère Jean, médecin, Michel Vieuchange construit le projet de gagner Smara, ville mythique du Sahara occidental où aucun occidental n'a encore pénêtré. Le projet se réalisera en 1930 mais Michel partira seul, accompagné par une petite escorte de marocains, déguisé en femme maure pour moins attirer l'attention. Entre sSeptembre et novembre 1930, il ira ainsi de Tiznit à Smara en zone insoumise et visitera la ville interdite avant de s'en retourner mourir épuisé par la dysentrie à Agadir. Ses carnets de route ont été publiés par son frère.