Votre panier est vide.
Cinq récits de femmes,de pionnières : Charlotte,Danièle,Renée,Marie-Jo et Jacqueline nous confient leur témoignages. Des françaises qui ont choisi d'aller vivre au Sénégal avec leur mari africain au moment où cette ancienne colonie s'engage dans la voie de l'indépendance.En 1949,Charlotte part avec Amadou,son mari,nommé au Mali." Peu après notre arrivée,le Gouverneur organisait un bal.Mon mari était l'adjoint du chef de cabinet du Gouverneur et il s'entendaient extrêmement bien. Moi,je ne voulais pas aller à ce bal,je n'avais pas de robe du soir,pas de robe longue. mon mari a prétexté la garde des enfants.Le Gouverneur a dit à mon mari "Votre femme viendra au au bal et c'est un ordre car je ne veux pas que les européens pensent que je ne l'ai pas invitée parce qu'elle est mariée à un noir". Alors je suis allée au marché de Bamako m'acheter du tulle noir avec des points rouges (un tissu qui faisait bien français) et je me suis cousue une jupe longue avec un bustier.Cela a fait beaucoup d'effet.". Comme le révèlent ces cinq interviews,le métissage est l'affirmation d'une maturité pleinement assumée,tout à la fois simple et complexe,douce et amère,bref d'un "entre deux" qui permet à chacun d'explorer,d'approfondir,mais aussi de " dépasser" sa propre culture,laquelle peut à son tour servir de tremplin à celle de son conjoint. Néanmoins,ainsi que nous le constatons dans l'ouvrage de de Marie-Thérèse Leblanc,ce concept de métissage n'a pu faire l'économie d'un combat.Cette notion de"dépassement" a permis au Président-Poète Léopold Sédar Senghor,non seulement de faire harmonieusement coexister les deux concepts qui lui étaient chers en dépit de leur apparent antagonisme,la négritude et la francophonie,mais aussi de leur assigner une mission d'épanouissement mutuel.Dans le contexte actuel de la peur de l'étranger,où toute union mixte est suspecte,depuis la loi du Novembre 2006 sur le contrôle de la validité des mariages entre français et étrangers,ces témoignages retrouvent une surprenante actualité.Ils nous invitent à rejeter les replis identitaires meurtriers pour renouer avec une conquête active du métissage qui appartient à tous.
Ce livre est pour partie issu d’une recherche réalisée en 2004 au sein de l’URMIS, Unité de Recherche sur les Migrations et Relations Interethniques de Paris 7.