Au-delà d'une vision idyllique de l'île de La Réunion, violence et suicide sont présents dans l'actualité, qu'elle soit vue à travers la lecture des " faits divers ", des quotidiens locaux, à travers les compte-rendus des assises, ou tout simplement dans la vie de tous les jours, pourvu que l'on veuille bien ouvrir les yeux... Violence et suicide sont également inscrits dans l'histoire encore jeune de La Réunion : violence évidente de l'esclavage, violence à peine masquée de la traite déguisée qu'était l'éngagisme, suicides individuels ou violence du " maronnage " des esclaves ou encore suicides collectifs d'engagés indiens dans un passé plus récent.... Les événements récents montrent malheureusement que l'explosion est possible à tout moment, explosion sociale du Chaudron ou explosion individuelle du passage à l'acte, qu'il s'agisse d'un suicide, d'un crime de sang ou d'un crime sexuel... La comparaison est peut être trop facile, mais les similitudes sont telles qu'on ne peut pas ne pas les évoquer ! Il ne s'agit pas, en disant cela, de nier les spécificités réunionnaises, de tenter de masquer les difficultés actuelles de la société réunionnaise, d'assimiler le Chaudron à n'importe quelle banlieue parisienne ou de dire que le suicide, en dernière analyse, est le même partout (pourquoi donc alors faire ce colloque ? pourquoi en publier les actes ?). Il s'agit simplement, en ramenant les conduites suicidaires à leur juste place parmi l'ensemble des comportements humains, d'éviter l'isolement trop facile de la " population à risque " que constitueraient les Réunionnais dans leur ensemble, tel ou tel groupe socio-culturel constitutif de cette société, ou encore tel ou tel " écart " de l'île... Il s'agit peut-être par contre de tenter de répondre non pas seulement à la question de savoir pourquoi il y a tant de suicides, mais à celle de savoir pourquoi, dans une situation donnée, un individu a recours à cet acte et non pas à un autre, pourquoi cet individu et non pas un autre, pourquoi ici, maintenant, et non pas ailleurs, à un autre moment…