Les études sur le développement rural en Afrique sont émaillées de récits d'échec, de désenchantement et de crise. Pourtant, la culture du coton est reconnue comme une réussite. Selon une explication répandue, elle serait le résultat d'un développement dirigé, d'une série d'innovations techniques apportées de l'extérieur ; les paysans n'en seraient que les simples exécutants. L'ouvrage propose une autre lecture de cette révolution agricole qui souligne au contraire le rôle actif des paysans.
L'histoire agraire et sociale du coton en Côte d'Ivoire est ancrée dans les périodes précoloniale et coloniale. Après l'indépendance, le succès rapide et considérable du coton résulte largement d'initiatives paysannes. Débats conflictuels au sein de la société rurale, expérimentations et pratiques innovantes des planteurs, négociations avec des intervenants externes constituent la trame du changement agricole. Dès lors, c'est tout un ensemble d'enjeux sociaux et culturels qui sous-tend l'histoire récente du coton.
Aujourd'hui, dans le cadre de la privatisation, le modèle cotonnier est largement remis en cause en Côte d'Ivoire. Le démantèlement du monopole cotonnier offre la possibilité de nouvelles initiatives aux paysans, qui défendent leurs intérêts, s'organisent en coopératives et ajustent leurs façons de cultiver. Ils s'affichent comme les acteurs principaux de leur développement.
Une histoire agraire et sociale de la culture du coton au nord de la Côte d'Ivoire restitue l'opposition des paysans au coton colonial puis leur acceptation de nouvelles techniques agricoles. Par leur capacité récente à s'organiser et à négocier, les planteurs de coton sont devenus les acteurs principaux de leur développement.
Thomas J. Bassett est professeur de géographie à l'université d'Illinois (Urbana-Champaign) aux États-Unis. Il est associé à une unité de recherche de l'IRD et membre de la commission scientifique des sciences sociales dans le même organisme. Il effectue des recherches en Côte d'Ivoire depuis 1981.