Pendant les quatre cents ans que dura la traite négrière, du XVe au XIXe siècle, plus de quatorze millions de prisonniers africains réduits en esclavage traversèrent l’Atlantique pour devenir une main-d’oeuvre de masse, précieuse et gratuite. Illustre représentant de l’Histoire atlantique et spécialiste de la piraterie, Marcus Rediker propose ici de faire le récit de cette effroyable tragédie depuis un poste d’observation inédit et nous entraîne à sa suite à bord des navires négriers qui assuraient alors la traversée de l’Atlantique, le "Passage du milieu".
Avec passion et brio, l’historien rappelle la vie à bord de ces monstrueux "donjons flottants" et ces voyages terrifiants au cours desquels périrent deux millions de personnes. Il raconte les conditions de vie morbides des esclaves, confrontés à la faim, à la maladie et à leur futur destin, la violence extrême des châtiments et des supplices, la mort omniprésente. Mais il rappelle aussi la peur des équipages enfermés à bord de ces poudrières, les rapports hiérarchiques extrêmement durs, les relations entre marins et prisonniers.
Enfin, il accorde une large part aux conflits et modes de coopération entre esclaves, issus de diverses ethnies, mais capables de s’organiser pour mener des révoltes à l’issue souvent sanglante.
Un angle d'étude très particulier pour nous présenter ce panorama de la traite atlantique: la description du "Passage du milieu", terrible traversée sur les vaisseaux négriers pour les esclaves enchaînés dans les cales, terrifiante aussi pour l'équipage embarqué sur un véritable baril de poudre et également moment et lieu de création de liens d'entraide et coopération entre les prisonniers….
Marcus Rediker, né en 1951, est un historien américain, actuellement professeur d'histoire atlantique à l'Université de Pittsburgh. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les aspects sociaux de l'histoire maritime, parmi lesquels L'Hydre aux mille têtes. L'histoire cachée de l'Atlantique révolutionnaire (2002, en collaboration avec Peter Linebaugh). Trois prix ont couronné The Slave Ship en 2008 dont le George Washington Book Prize.