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La collection Magnelli se caractérise par la représentation notable des arts du Gabon. En effet, elle réunit une douzaine d'objets provenant d'une région communément dénommée bassin de l'Ogooué. Cette appellation qui désigne l'intérieur du Gabon et des pays voisins (Congo, Guinée équatoriale, Cameroun) quadrillé par le fleuve et ses affluents, la N'Gounié, l'Okano, l'Ivindo, est sans doute plus juste que celles découlant des frontières post-coloniales souvent arbitraires. En outre, elle réunit plusieurs ethnies culturellement très proches. Là, les Fang, les Tsogho, les Kota, les Pounou, les Shira, les Vili, les Yombé ont développé un art prisé par les Européens dès le début du xxe siècle. La richesse de la production artistique du Gabon fut longtemps dominée par l'art fang, présent dès 1907 dans les premières collections d'artistes (Derain, Vlaminck, Epstein, Braque). La donation d'Alberto Magnelli, quoique constituée plus tardivement, reflète également la dominante fang : sur les trente uvres données au musée, cinq objets sont attribués à cette seule ethnie: trois figures de reliquaire, une statuette et un instrument de musique. Malgré la diversité des ethnies installées dans le bassin et débordant sur les pays limitrophes, ces dernières présentent cependant certains traits sociaux, culturels et artistiques communs : l'organisation de la vie sociale se concentre sur le village, les clans et les associations initiatiques. Les Fang, les Tsogho, les Loumbo partagent un culte des ancêtres articulé autour de la conservation des reliques dans des boîtes appelées byéri. Les Kota, les Ambété fondent également le culte des ancêtres sur l'emploi de figures de reliquaire, même si cela se traduit par une production très originale. D'autres affinités se décèlent sur le plan stylistique et concernent la production de masques. Comme l'indique Louis Perrois, l'art du masque est extrêmement développé au Gabon; il forme un ensemble homogène dans lequel chaque ethnie développe son ou ses propres styles. C'est ainsi que l'on retrouve des masques blancs destinés à un usage funéraire depuis le sud du Cameroun, chez les Fang, jusqu'au sud du Gabon, chez les Vouvi, les Pounou et les Tsogho. Magnelli a rassemblé des objets significatifs des différentes ethnies du bassin de l'Ogooué : figures de reliquaire et instruments de musique fang et kota, masques vouvi, adouma, pounou et galoa
Catalogue d'une exposition présentée au Centre Pompidou du 1er février au 10 avril 1995 à l'occasion de la donation au Musée de Beaubourg par sa veuve de la collection africaine du peintre. Soit 30 œuvres faisant partie de la donation Susi Magnelli. Provenance : Bassin de l'Ogooué (Gabon,Congo Brazza, Guinée équatoriale et Cameroun pour les ethnies fang, kota, mahongwé, adouma, vouvi, galoa et pounou), Côte d'Ivoire (Dan et Baoule) et Mali (Dogon, Bambara, Baga) pour l'essentiel.
Alberto Magnelli a constitué une collection de grande qualité, digne de figurer dans un musée. Peintre abstrait né à Florence en 1888 et mort à Meudon en 1971, Alberto Magnelli, qui refusait l’exotisme et l’anecdotique avec une exigence que l’on retrouve dans sa pratique picturale, nous fait découvrir la modernité plastique tout à fait surprenante de ces sculptures africaines ou océaniennes. Achetées par « coup de foudre », ces pièces expriment, disait-il : « la puissance plastique et l’invention des formes ». Sa collection de sculptures africaines illustre de manière particulièrement lisible les affinités des plasticiens modernes avec les Arts premiers.
Alberto Magnelli (Florence,1888 - Meudon, 1971) est un peintre italien qui travaillera en France à partir de 1931.
