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Le fait migratoire interpelle les politiques publiques de l'aide au développement bien au-delà du slogan convenu et illusoire du " co-développement ". Fondé sur des recherches de terrain précises dans le Bassin méditerranéen, en Afrique occidentale, dans la région irano-afghane du Khorassan et en Asie du Sud-Est, cet ouvrage s'intéresse aux pratiques du voyage lui-même. Il se distingue à la fois de l'approche classique de l'immigration dans son double rapport aux sociétés dites de "départ" et d'" accueil", et de la thématique de la "diaspora". L'expérience du voyage ne se confond pas avec celle de la migration car elle recouvre d'autres formes de déplacements, mais elle ne peut plus s'en dissocier, ne serait-ce que pour des raisons administratives du fait des politiques restrictives de délivrance des visas. Réciproquement le fait migratoire renvoie à la problématique du voyage. Par définition les migrants se déplacent. Ils induisent aussi des pratiques complémentaires de voyage en faisant venir auprès d'eux des membres de leur famille ou des proches, et ils se pensent, pour une partie d'entre eux, à travers les prochaines étapes de leur pérégrination, parfois longue de plusieurs années. Ces voyages sont en partie virtuels, sous forme de lettres, de paquets, de cassettes, de photos, d'appels téléphoniques, d'e-mails, ou même de rêveries et d'attentes. Les migrations, les pratiques du voyage nous rappellent que le monde est en mouvement parce qu'elles constituent elles-mêmes un mouvement social. Il est nécessaire que les problématiques du développement prennent mieux en compte la complexité des mobilités contemporaines, tant ces dernières relèvent des objectifs les plus directs de l'aide. Elles n'y parviendront qu'en s'émancipant des attentes dites sécuritaires qui pèsent de plus en plus sur la formulation des politiques publiques. Le voyage est une pratique de développement, et un objet de l'économie ou de l'anthropologie du développement. Il doit maintenant devenir un sujet à part entière de l'aide au développement.
Notons deux contributions particulièrement intéressantes: l'une concerne le développement des rapports commerciaux et des mouvements migratoires entre l'Afrique et la Thailande (hôtel Bangkok-Sahara), l'autre le phénomène très particulier que représente la récente et forte implantation de certains cheikhs mourides (dont Cheikh Bethio Thioune) parmi les étudiants sénégalais suivant des cursus universitaires.
- Fariba Adelkhah, Jean-François Bayart / Introduction, pp. 5-32,
Première partie: Espaces de circulation
- Stéphane de Tapia / La circulation des hommes et des biens dans le champ migratoire turc. Itinéraires et impacts économiques, pp. 33-72,
- Michel Peraldi / Aventuriers du nouveau capitalisme marchand. Essai d'anthropologie de l'éthique mercantile, pp. 73-114,
- Farida Adelkhah / Le réveil du Khorassan. La recomposition d'un espace de circulation, pp. 115-182,
- Roland Marchal / Hôtel Bangkok-Sahara, pp. 183-218.
Deuxième partie: L'économie morale des voyageurs
- Véronique Manry / Trabendo au féminin. Les femmes algériennes dans le commerce à la valise, pp. 219-268,
- Claire Autan Dorier, Alain Battegay / Economie morale dans des parcours de migrants entre la France et l'Algérie et entre la Turquie et la France. Moments, scènes, lieux et portraits, pp. 269-308,
- Jean-François Havard / Le phénomène Cheikh Bethio Thioune et le jihah migratoire des étudiants sénégalais Thiantakones, pp. 309-336,
- Mette Louise Berg / Cosmopolitisme et construction identitaire chez les enfants de la révolution cubaine, pp. 337-366.