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On dit en Afrique d'un homme instruit à la manière des Blancs qu'il " connaît papier ". Les Blancs substituent l'écrit à la parole : la connaissance, la coutume, la subsistance même passent par le papier. Celui qui ignore le code écrit est mis hors de course et assujetti aux privilégiés. La couverture de PERIL BLANC évoque un personnage prophétique du Gabon, " inventeur " d'une graphie sans signification. La page d'écriture est tirée d'un de ses nombreux cahiers. Comment devenir l'égal du Blanc sans tomber sous la domination du Blanc ? Cet homme, savant de la science originelle de sa société terrienne, tente ainsi, à sa manière, d'échapper à l'assimilation tout en mimant les " manières de Blanc ". Un exemple, parmi bien d'autres, de l'aliénation sécrétée par le Blanc partout où il impose sa présence. PERIL BLANC s'adresse aux ci-devant " civilisés ". L'ethnologue occidental a tenté d'évaluer " le prix humain à payer au progrès ". Il renvoie à ses frères ci-devant " développés " leur image cueillie dans le regard des prétendus " primitifs ". La crise de la société blanche trouve ainsi un éclairage véridique. Non point un moment pénible à passer, mais la manifestation du vice fondamental du projet occidental : produire toujours davantage grâce à l'assujettissement des hommes. Heureusement, des sociétés entières refusent le modèle blanc, à prétention universelle. Ce livre ne propose pas un nouveau projet de société. Il souhaiterait inviter le lecteur à voir un peu plus loin, un peu plus large, et contribuer à faire craquer la camisole qui nous enserre.
Une tentative d'évaluation du prix humain à payer au progrès et le renvoi aux développés de leur propre image cueillie dans le regard des primitifs. A travers trois approches spécifiques: le bwiti gabonais, le discours des nouveaux prophètes ivoiriens et le culte des génies de l'eau dans la région de Douala au Cameroun.
René Bureau a disparu en 2004. Philippe Laburthe-Tolra lui consacre une très bonne bio-bibliographie dans le Journal des Africanistes 75-1 | 2005
René Bureau, disparu en 2004, est ethnologue africaniste. Il a commencé ses fonctions comme maître-assistant à l'Ecole des hautes études, est devenu professeur de première classe à l'Université de Paris X-Nanterre et est titulaire des Palmes académiques. Son activité s'est déroulée au Cameroun (1957-1960), au Gabon (qui a donné lieu à sa thèse d'Etat sur le bwiti des Fang), et en Côte d'Ivoire (1969-1973). Sa double spécialité porte sur les mouvements religieux et sur les processus d'apprentissage. Il a également été directeur de l'Office national de la formation professionnelle en Côte d'Ivoire.
