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À partir d’une lecture critique de l’oeuvre de l’écrivain congolais Sony Labou Tansi (1947-1995), cette étude se propose d’analyser la façon dont la littérature peut tirer parti de la circulation d’énergies au sein des espaces impériaux. Si la colonisation fut bien un phénomène mondial, les différents empires ont déployé des nappes spatiales différenciées, qui n’obéissent ni au principe d’intériorité nationale, ni à celui de mise en connexion globale, mais à des dynamiques de spatialisation encore actives aujourd’hui.
Le déploiement des empires coloniaux, qui a été vécu par les conquérants comme d’enthousiasmantes ouvertures d’espace, a eu comme envers l’expérience faite par les colonisés d’un effondrement de leurs lieux de vie. Le souffle de cet effondrement est une contre-énergie, un principe de décomposition, qui ne cesse de remonter de la périphérie aux centres impériaux, et dont la littérature de Sony Labou Tansi témoigne merveilleusement. La tonalité apocalyptique de son écriture, qui « invente un poste de peur dans ce vaste monde qui fout le camp », naît de l’expérience de ceux qui sont condamnés à parler depuis des lieux de relégation. C’est depuis une Afrique postcoloniale en voie de décomposition que cet auteur interpelle le monde pour le rappeler à l’espoir et au sens de l’humain.
Xavier Garnier est professeur à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 où il enseigne les littératures francophones. Titulaire d'une thèse de doctorat en Etudes africaines préparée sous la direction de Robert Jouanny et soutenue à l'Université Paris 4 en 1992 sur le thème: La magie dans le roman négro-africain d'expressions anglaise et francaise