Votre panier est vide.
Ici, chacun aspire à devenir un dieu vivant. Rien de moins. Dans les salles obscures ou sur les plages de la banlieue de Dakar, où les jeunes s’entraînent à la lutte sénégalaise, on attend fébrilement le moment où il faudra combattre sous le soleil de plomb, dans l’arène de sable, au centre d’un stade rassemblant des dizaines de milliers de spectateurs affamés. Pour leur donner la force d’affronter l’adversaire, le marabout aura baigné les corps des lutteurs avec une potion, aura versé du lait sur les torses, les épaules, les têtes, aura entonner des formules rituelles pour éloigner le mauvais sort. Les gris-gris accrochés aux membres seront protecteurs. Ensuite, il faudra foudroyer l’adversaire. Mettre les quatre appuis au sol, se coucher sur le dos ou sortir du cercle en tombant, ce sera l’échec, pire l’humiliation. Sortir de l’arène victorieux et le public surchauffé les acclamera comme des rois. Peut-être pourront-ils un jour devenir champions, riches et quasi divins. Denis Rouvre a photographié les corps vaillants, les visages tendus, perpétuellement dans le défi, de ces apprentis lutteurs des banlieues de Dakar. Ils appartiennent à l’une des 77 écuries du pays et pratiquent quotidiennement ce sport unique au monde, subtil mélange de lutte traditionnelle et de boxe à poing nus.