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Les études postcoloniales se sont imposées comme un courant important des études culturelles et de la recherche en sciences sociales de langue anglaise. Il est de plus en plus reproché à l'Université française de les ignorer, alors que des militants et des historiens engagés interprètent la crise des banlieues dans les termes d'une "fracture coloniale" plutôt que sociale. Ce mauvais procès n'est pas fondé. Il occulte toute une tradition d'écrits et de travaux qui ont perpétué en France une pensée critique sur la colonisation. Il tient pour acquise la contribution scientifique des études postcoloniales, qui certes ont pu être utiles, dans leur diversité, mais qui sont largement superflues au regard des apports d'autres approches. Surtout, les études postcoloniales restent prisonnières du culturalisme et du récit national dont elles prétendaient émanciper les sciences sociales. Et elles s'interdisent de comprendre l'historicité des sociétés, celle du moment colonial, celle enfin de l'éventuelle transmission d'un legs colonial dans les métropoles ou dans les pays anciennement colonisés. Leur reconsidération fournit l'opportunité d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion pour l'analyse de l'Etat, au croisement de la science politique, de l'histoire, de l'anthropologie et de l'économie politique.
A lire un compte rendu critique mais stimulant de Chris Reyns-Chikuma de l'Université de l'Alberta paru dans Alternative Francophone vol.1, 3(2010), 141-146