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« La chaleur ces derniers mois aura été une fièvre qui ne s'apaise qu'au petit matin... Tu entres dans la ville avant l'aube par le chemin qui vient de l'aval. De loin déjà tu vois la barre basse et sombre des premiers murs, la lueur mate des toits de métal. À ta gauche brille le fleuve immobile au plus bas de son lit profond ; à ta droite s'étale la terre proche dure et nue entre de maigres arbustes, plus loin revêtue d'une touffeur brumeuse jusqu'à l'horizon que soulève une longue colline. Tu marches lentement. À cette heure le ciel éclaire la terre... douce aux pas dont elle éteint le bruit... Tout ce qui se dresse devant toi est sombre : de part et d'autre du chemin les palissades de bois fendu qui ceignent des terrains neufs ; à l'orée de la ville ce grand arbre au tronc puissant, aux larges feuilles rigides ; et les murs qui enserrent l'étroite coulée claire du chemin, à ta gauche un grand mur lisse percé de petites fenêtres closes d'où suinte une odeur d'encens, à ta droite l'argile tiède et rêche du mur d'enceinte d'une autre maison au portail clos. Tu entres bien avant dans la ville qui t'enveloppe comme un vêtement. »
Adrian Adams s'est installée au Sénégal, sur les bords du fleuve Sénégal; elle nous apporte dans ce deuxième livre (après Le long voyage des gens du fleuve) un regard de l'intérieur sur la société soninké et ses rapports avec le développement tel qu'on le lui propose. Un ouvrage exemplaire qui pourrait utilement servir de livre de chevet aux experts des diverses coopérations bi ou multilatérales. Mais suffirait-il à leur donner humilité et curiosité ??